• Depuis notre retour du Japon, on n'a pas beaucoup parlé japonais ...  

    Allez, on reprend quelques cours !

    C'est simple, on regarde la "compo" de l'équipe en caractères japonais gràce au Yomiuri Shimbun (ouf, il y a les photos  ... mais aussi des fiches pour les plus courageux) ...

    Photos Semaine Japon au lycée Corot


     ... et on retrouve les noms en français dans les fiches très bien renseignées du journal l'Equipe


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  • Ce soir de 24 juin 2010, au Royal Bafokeng Stadium de Rustenburg, les Brésiliens s'appelaient Honda (but magistral sur coup franc à la 17è), Endo (re-but magistral sur re-coup franc à la 30è) et Okasaki (87è à la conclusion d'un superbe mouvement de Honda) ... sans oublier le formidable gardien Kawashima (le fils du Professeur ?) 

    Quel spectacle, quelle leçon de technique, de jeu collectif dans la défense comme dans l'attaque et quelle joie de jouer ... Une sacrée leçon de football de la part de toute l'équipe japonaise dans l'un de plus beaux matchs depuis le début du mondial sud-africain.



    見事なコンビネーションで3点目をきめた岡崎と本田は試合終了のホイッスルで抱き合った(AP)


    Le Japon rencontrera le Paraguay en huitièmes de finale mardi 29 juin à Pretoria.

    Je n'ai qu'une chose à dire : ALLEZ LES BLEUS !!!



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  • Il n'y a pas que l'équipe de France de football qui joue en maillot bleu ... les Japonais aussi : 

     



    ... mais eux, ça leur réussit mieux !


    M. François avait pronostiqué une victoire du Japon par 1 -0 ... il avait raison !!

    Alors pour les prochains matchs, on fait un concours de pronostics ? 

    Samedi 19/06 Pays-Bas/Japon
      

    Jeudi 24/06 Danemark /Japon

    Laissez vos pronostics dans un commentaire.

     


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  • Eh oui, ceux qui n'ont pas mangé à la cantine aujourd'hui ont raté le dernier moment sympa d'une année Japon riche en couleurs et en émotions.

    Aujourd'hui, c'était repas japonais à la cantine du Lycée Corot : Soupe miso, thé vert, riz blanc, viande ou poisson grillé à la sauce soja/légumes et glaces au thé vert, au citron et à la mangue.

               Photos Semaine Japon au lycée Corot         Photos Semaine Japon au lycée Corot

    Merci tout spécialement à Mme Ayroulet (intendante), à M. Maria (achats) ainsi qu'à M. Murzin (chef cuisinier) et à son équipe pour la préparation et la confection de ce repas vraiment délicieux ... et vraiment japonais.
                          

     * Itadakimasu – Phrase polie avant de commencer à manger (ne correspond pas à "Bon appétit !" mais a plutôt une connotation de remerciement, littéralement : "je reçois")


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  • Le 02 juin, lors d'une soirée destinée à clore cette 1ère année du club Japon COROTZILLA, nous avons présenté aux parents, collègues et amis les photos de notre voyage, carnets de voyage et les travaux d'exposition (visibles au CDI).  

    Photos Semaine Japon au lycée Corot



    Photos Semaine Japon au lycée Corot


    Nous avons aussi récompensé nos lauréates des concours photos (Elise, Imane, Caroline) et de la nouvelle (Gaëlle, Imane et Elise, nouvelles à lire dans la rubrique dédiée).

    Photos Semaine Japon au lycée Corot



    Photos Semaine Japon au lycée Corot



    Cette soirée a fait l'objet d'un article publié dans l'Observateur du Douaisis (édition du Jeudi 03 juin 2010)



    Douai : l'aventure de 15 élèves dans les quartiers de Tokyo
    Du 17 au 26 février dernier, accompagnés de deux enseignants, ils se sont immergés dans plusieurs quartiers de Tokyo. Nom de code : Corotzilla.

    Corotzilla, nom de code d'une opération ambitieuse menée de bout en bout par deux enseignants du lycée. Celle d'un voyage de 15 élèves à Tokyo durant 10 jours.

    Des voyages linguistiques, tous les lycées du Douaisis en organisent chaque année. En revanche un voyage à dimension culturelle et pédagogique au Japon, c'est beaucoup plus exceptionnel.  C'est l'aventure vécue par 15 élèves du club Japon du lycée Corot. Du 17 au 26 février dernier, accompagnés de deux enseignants, ils  se sont immergés dans plusieurs quartiers de Tokyo. Nom de code : Corotzilla. Une expérience qui a marqué ces jeunes esprits dont leurs restitutions ont été présentées ce mercredi lors d'une rétrospective.  Ce que l'on peut dire, c'est que le Japon les a largement inspirés. Ce projet étonnant a d'abord germé dans l'esprit de Morgan François, 36 ans. Ce professeur de français, passionné de littérature asiatique et nippone, commence par évoquer l'idée avec un collègue, Christophe Crestani, 42 ans.  « Tout a commencé par une simple discussion entre deux cours dans un couloir du lycée », se souvient Morgan François.  Cet aparté anodin va à l'origine d'un projet pédagogique ambitieux et unique  : organiser un voyage au Japon avec des élèves volontaires. Dès l'été 2009, Morgane François profite de ses vacances pour se rendre au pays du soleil levant « histoire de prendre des repères et des contacts pour mettre en place le projet ». Une semaine intense à Tokyo.

    Projet exceptionnel

    A l'origine, les deux enseignants avaient l'idée d'accompagner 40 élèves. Finalement, face aux contraintes financières, les deux professeurs se sont limités à 15 élèves. Un dossier a été présenté au conseil régional du Nord-Pas- de-Calais. Cette collectivité locale finance chaque année des projets pédagogiques exceptionnels. 
    En apprenant l'existence de ce dispositif, les deux enseignants se sont lancés dans l'aventure en commençant par le plus difficile : constituer un dossier solide  examiné par les élus régionaux, mais aussi réaliser des dizaines de devis afin d'évaluer le coût d'un tel voyage.  Nos deux professeurs avaient une difficulté et non des moindres : comment choisir les élèves pour ce voyage. « Nous avons eu l'idée de créer un club Japon en septembre, explique Christophe Crestani. Sans pour autant annoncer notre projet de partir là-bas.» Une manière intelligente d'évaluer la motivation des élèves pour un tel voyage.  Après des mois de travail et de suspens, le Conseil régional a finalement accepté d'attribuer 20 000 euros. A cette somme s'est ajoutée une participation des familles de 600 euros chacune et enfin une aide de 5000 euros du lycée Corot. 
    Article rédigé par : Laurent Goudet


     


     ainsi qu'un article dans la voix du Nord  (édition du mardi 8 juin 2010)

    Quinze élèves du lycée Corot racontent leur voyage au Japon

     

    Élèves, parents et amis sont venus nombreux écouter le récit des quinze élèves qui ont séjourné dix jours au Japon.

     
    Photos Semaine Japon au lycée Corot


    Mercredi, les quinze élèves du lycée Corot qui ont participé au projet Japon ont invité leurs parents ... et professeurs à découvrir le bilan de leur action. En particulier le bénéfice de leur voyage au pays du soleil levant.

    Ce projet a été initié par deux enseignants du lycée, Morgan François, professeur de lettres et passionné du Japon, et son homologue d'histoire-géo, Christophe Crestani. Le club Japon, mis en place à la rentrée de septembre, a fait en sorte d'organiser un séjour au Japon pour quinze élèves du lycée, du 17 au 26 février.

     

    Les quinze élèves ont livré leurs impressions sur ce séjour, qui s'est avéré passionnant et riche en découvertes.

    Satisfaction aussi du côté des deux enseignants, fiers d'avoir permis à leurs élèves de vivre un beau voyage initiatique, dans un monde fascinant. « C'est une expérience qu'ils ont tous appréciée et qui a suscité pas mal d'interrogations, de curiosités mais aussi d'admiration, expliquait le professeur Morgan François. Les rencontres culturelles avec des écrivains ont aussi été un des temps forts de ce voyage, des échanges inestimables pour les élèves ». •

    S. R.




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  • Le prix Corotzilla 2009-2010 de la meilleure nouvelle a été attribué à Gaëlle Méhard pour L'Affiche. En second, le jury a choisi Le Carnet d'Imane Ziouche. La troisième place est allée à Elise Dewez pour Des Gants blancs.
    Bravo à elles trois pour avoir su si bien rendre compte de leur voyage en nous entraînant dans leur univers personnel et fantastique.

    Merci aux 9 autres Corotzilleurs-ses qui ont participé à l'écriture de ces textes qui feront l'objet d'un prochain recueil qui les rassemblera toutes accompagnées des magnifiques dessins de Clément Dequidt.

     


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  • 1er prix de la nouvelle Corotzilla 2009 - 2010

    L'affiche

    Texte de Gaëlle Méhard, illustration de Clément Dequidt


    Nouvelles


    Il voulait partir, partir très loin, quitter Paris.

    Mais pour aller où? Avec sa morphologie il ne passait pas inaperçu. Ca lui serait donc difficile. Mais pourquoi vous demanderez-vous? On définit pourtant Paris comme une belle ville, très grande où il fait bon vivre. C'est une ville magique, remplie de monuments et de lumières. C'est la ville de l'amour.

    Mais lui, il en avait assez de tout ça! Pour lui Paris n'était plus qu'irrespect, bruit, violence; voilà ce qu'était devenu le VRAI Paris. Et il voulait quitter tout ça! De toute manière, il n'était plus d'aucune utilité ici. Plus personne ne faisait attention à lui et aux articles qu'il vendait. Il était devenu invisible, encombrant. Il se sentait vraiment vide et seul. Depuis quelques temps il réfléchissait beaucoup sur ce qu'était sa vie et ce qu'elle avait été. Il se sentait usé, il avait besoin de changer d'air. Vite, très vite. Il étouffait. Mais il ne savait vraiment pas où aller. Les gens comme lui n'ont pas de famille et pas d'amis car ils sont trop différents. Ils servent juste de décor dans ce genre de ville. Quand on vient les voir c'est par intérêt personnel sinon les gens se moquent d'eux. Quel gâchis pensait-il souvent. Il était là, ressassant ses sombres pensées quand il vit ou plutôt revit cette affiche qui le narguait depuis quelques jours déjà. Elle était vraiment magnifique. Imposante. Très colorée. Sur cette affiche il y avait une ville, une très belle ville au premier plan avec un temple. Cela formait un contraste saisissant entre tradition et modernité. Peut-être que les gens comme lui avaient leur chance dans ce pays. Car tout comme ce temple, lui aussi était confronté à la modernité, au développement. Mais ce temple avait l'air d'avoir sa place dans ce pays. Comment se faisait-il que ce temple ait l'air à sa place dans ce décor ? En bas de l'affiche, un slogan : "A chacun sa place". Seulement quatre mots, quatre petits mots qui le faisaient beaucoup réfléchir. Sa décision fut prise. Il irait au Japon! Il voulait avoir sa place dans le monde et ce pays la lui offrirait, l'espoir revenait et lui redonnait l'envie de vivre. Personne ne remarquerait sa disparition car personne ne venait le voir. C'était maintenant ou jamais. Un nouveau monde, une nouvelle vie l'attendait. Il partit. Adieu la France bonjour le Japon! Il ne regretterait rien!

    Quand il arriva au Japon, il se crut en plein rêve. Une ville pareille n'était pas possible! Il se dégageait une atmosphère si particulière! Ce pays respirait le respect. Le respect de l'ancien et du moderne. C'était parfait pour lui. Les Japonais montraient du respect pour tout ce qui les entourait : la nature, les gens, les objets. Ils s'inclinaient beaucoup. Au début il trouvait cela comique, mais à présent il commençait à comprendre ce que le slogan voulait dire. Il se sentait bien dans ce pays si différent du sien, à sa place. Ils s'inclinaient car pour eux les autres avaient plus d'importance que leur propre personne et il aimait cette philosophie. Pour la première fois depuis longtemps il se sentait BIEN. La ville était vraiment impressionnante! Des buildings partout, vraiment imposants. Il remarqua vite que la ville était très organisée et que cela permettait une bonne circulation. En effet, il y avait énormément de monde. Paris, à côté, semblait vide. Jamais il n'avait imaginé quelque chose comme ça! Il eut le coup de foudre. Il tomba amoureux de ce pays. Mais encore fallait-il trouver son utilité. Il vit que les gens comme lui étaient nombreux. Il ne serait plus seul, il en était certain à présent. Mais pour l'heure il ne pouvait rien faire si ce n'était observer la foule qui passait devant lui. Le va-et-vient des Japonais l'impressionnait. Il y avait toujours du mouvement. Il se faisait remarquer dans cette ville avec sa morphologie mais les gens lui souriaient, il était normal pour eux. Mais il ne savait pas où aller. Un vieil homme passa près de lui et remarqua qu'il était en mauvais état. Il décida de le remettre en forme et de lui redonner une nouvelle jeunesse, une nouvelle fonction. Il l'emmena chez lui. Une petite maison recluse assez charmante. Le vieil homme l'installa confortablement et commença ses soins. Une fois terminé il se sentit renaître, il était devenu quelqu'un d'autre, non plus ce vendeur insignifiant qui s'était fait battre par des voyous dans une rue de Paris. Il était devenu méconnaissable. Il se sentait heureux, en harmonie avec ce pays et UTILE. Le vieil homme l'installa dans un quartier confortable où il put faire ses preuves. Tout le monde venait le voir, lui acheter ses produits. Il vivait enfin. L'ère de la souffrance était révolue, elle avait fait place à la paix et à la joie. Il vivrait enfin sans se cacher. Il était fier d'être ce qu'il était. Un distributeur. Un distributeur de boissons japonais.


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  • 2ème prix de la nouvelle Corotzilla 2009 - 2010

    Le carnet


    Texte d'Imane Ziouche, illustration de Clément Dequidt
     

     Nouvelles

     

    « Distributeur de boissons n°47 – Harajuku, près du temple de Meiji-shingu … »

    Je regardai le carnet vieilli aux pages déchirées. Que faisais-je donc ici ?

    Ce journal ne m’appartient même pas ! « Hikari Yamamoto », la vue de ce nom me mettait mal à l’aise, je ne pouvais vraiment pas me résoudre à l’abandonner ici en face de ce distributeur, cruelle destinée pour un objet sans doute si cher à son propriétaire. Même si le contenu était assez atypique puisque des photographies de distributeurs ainsi que de petites annotations remplaçaient les pages bleuies qu’aurait dû contenir un traditionnel journal intime. Cette « Hikari Yamamoto » serait sans doute heureuse de retrouver son précieux bien qu’elle avait dû égarer par mégarde dans le métro où je l’avais découvert. J’observai l’annotation figurant sous la photographie représentant le distributeur devant lequel je me tenais, l’écriture était petite et c’est avec difficulté que je déchiffrai  « 7 Mars 2000 … » Ainsi cette photo avait 10 ans !

     « ...mon estomac ne cesse de grossir, mes parents ont craint que les voisins constatent ma grossesse, c’est pourquoi j’épouserai Hiro aujourd’hui, on m’a intimé l’ordre de dire que notre prétendu « amour fou » a conduit à ce mariage précoce, j’atteins à peine la majorité que me voilà prête à devenir ménagère, mariée à 20 ans ! »

     J’observai la photographie et relus le petit texte.  « Distributeur de boissons n°47 » , ainsi il y avait eu 46 autres photographies avant cela ? La jeune femme avait donc dû épouser 10 ans auparavant un dénommé Hiro afin de justifier sa grossesse ? Je supposai donc qu’elle avait dû se marier dans le temple de Meiji-shingu. Je ne pus m’empêcher de m’interroger quant aux 46 autres photographies ou plutôt 36 autres puisqu’il y en avait une bonne dizaine dans ce carnet. Je pris conscience du fait que ce « journal » contenait des souvenirs intimes, personnels, importants, je devais vraiment retrouver cette «Hikari Yamamoto ». Combien de Hikari Yamamoto y avait-il à Tokyo ? Etait-ce réellement son nom ? J’entrepris de nombreuses recherches, en vain. Je décidai donc de visiter tous les lieux figurant sur les photos, peut-être y rencontrerai-je  « Hikari » ?

      « Distributeur de boissons, Shinjuku, mairie de Tokyo, 48e étage ». Je remarquai que cette fois-ci il n’y avait ni date ni numéro de distributeur, je conclus donc qu’il s’agissait certainement d’un endroit où Hikari avait l’habitude de se rendre. Par chance j’avais entendu parler de ce bâtiment composé de deux tours jumelles, haut de 48 étages et de 243 mètres ! Ce n’est qu’une fois arrivée au 48e étage, appareil photo en main que je m’autorisai à lire la suite du gribouillage figurant au dos de la photographie :  « Une nouvelle fois je me retrouve au sommet de cette gigantesque tour, on se sent tellement grande ici ! J’ai l’impression de pouvoir toucher le ciel, c’est peut-être pour cela que cet endroit me détend ? Chaque fois qu’une décision importante se présente, je viens ici, peut-être que le fait de m’élever me rend plus spirituelle ? Je repense à tous ses souvenirs bons ou mauvais qui me guidèrent tous vers mon lieu secret, cette tour. Ma première rupture… l’acceptation de ma candidature dans une université qui m’aurait permis de réaliser mon rêve, devenir mangaka…la découverte de ma grossesse qui me contraignit à abandonner à contre coeur mes études… »

     Ainsi cet endroit était celui qui permettait à Hikari de se détendre ? Je m’approchai du distributeur qui avait été photographié et regardai à travers la fenêtre, le ciel. C’était vrai après tout, ce lieu avait la force fascinante de nous faire oublier nos soucis, j’avais l’impression que mon rapport à la vie, à ma vie, était différent vu d’ici, j’observai les immeubles adjacents, la mer, le ciel toujours et tentai d’imaginer Hikari qui dut abandonner son rêve pour se marier, afin de protéger, semblait-il, sa famille du déshonneur, des commérages. C’était fou tout de même ce que de simples distributeurs pouvaient évoquer. Je me demandai si j’allais retrouver Hikari, pourrais-je lui rendre un jour son précieux carnet ?

    « Distributeur n°7, Shibuya, face à la statue d’Hachiko ». La photographie était jaunâtre, Hikari devait encore être adolescente lors de la prise de celle-ci. Je souris, Hachiko, symbole de la fidélité, ce lieu devait être très symbolique pour Hikari. La statue du chien Hachiko et le distributeur étaient en face de la gare de Shibuya. Une fois sur place, j’étudiai minutieusement les visages m’entourant avec l’espoir de retrouver parmi ces traits une personne que j’avais pu croiser dans le métro dans lequel j’avais retrouvé le carnet et qui aurait peut-être pu être Hikari. En vain. Je me résignai donc à ne pas retrouver Mme Yamamoto aujourd’hui. Je baissai les yeux vers cette écriture qui m’était désormais familière : « Distributeur n°7, Shibuya, face à la statue d’Hachiko – 21 octobre 1995…» Si le compte était bon, Hikari devait être âgée de 15 ans « aujourd’hui est un jour très important, j’ai décidé d’avouer mes sentiments à  Yuki…» Yuki ? Etait-ce le premier amour de Hikari ? « Étant donné qu’il passe tous les jours ici à la même heure je l’attendrai et lui donnerai ma lettre d’amour » Je ne pus m’empêcher de sourire, m’imaginant la jeune fille attendant anxieusement de donner sa précieuse lettre. Je remarquai un deuxième gribouillage, écrit en caractères plus petits, l’écriture semblait beaucoup moins soignée : « 23 octobre 1995 : échec ».

    « Echec » ? Ainsi cet endroit représentait le premier échec amoureux d’Hikari. Je soupirai, l’endroit était certainement inapproprié si je voulais avoir la chance de lui rendre son bien. Je regardai l’heure. Il était encore tôt, je pouvais tenter de continuer ma « quête », j’empruntai donc plusieurs métros arrivant une heure plus tard face au distributeur représenté.

     « Distributeur n°38 – Bunkyo, avancer jusqu’au siège des éditions Kodansha, s’arrêter devant la vitrine… » Les indications ne pouvaient être plus floues, comment allais-je retrouver mon chemin ? Quel était le but derrière tout cela ? Je me retins néanmoins de lire la suite et rejoignis tant bien que mal le lieu. Là je lus ces quelques mots « je figurerais un jour parmi eux » et je compris. Devant le bâtiment était disposée une grande vitrine où figuraient tout un tas de mangas, romans, magazines édités par la maison d’édition. Mon regard s’arrêta sur divers mangas avec lesquels j’avais grandi, j’étais totalement émerveillée. Hikari avait-elle pu réaliser son rêve ? Je cherchai parmi les noms « Hikari Yamamoto » triste de constater qu’elle n’y figurait pas, qu’elle n’avait pu réaliser son rêve.

    Dépitée je rentrai. Je devais préparer ma prochaine aventure qui se déroulerait selon l’indication figurant sur la photographie sur la petite île d’Enoshima, en effet la référence indiquait « distributeur n°73 - île d’Enoshima, Baie de Sagami ». Je soupirai, où donc était cette île ? Je réussis à établir un itinéraire précis, prête à découvrir l’Océan Pacifique ! Quoi de plus impressionnant pour un européen ? Munie d’un sac à dos bien rempli et du carnet je pris donc la route. Une fois sur place j’observai les stands de nourriture dispersés un peu partout, je souris tandis que je me dirigeais vers la plage, leur odeur embaumait l’air. Je lus le texte au dos de la photographie. J’eus un léger pincement au cœur en songeant au fait qu’il n’en restait plus qu’une, je devais quitter le Pays du Soleil levant le surlendemain. Je repensai à mon aventure japonaise, si je n’avais pas trouvé ce petit carnet elle n’aurait sans doute pas été aussi mémorable, ni même exceptionnelle. Même si Hikari ignorait tout de moi je sentais que j’étais liée à elle et je lui en étais reconnaissante. Je regardai vers le grand large et lus « 6 mai 2000 »…soit deux mois après son mariage :

      « …Hiro a vu que j’étais triste, il sait que ma vie n’est que séries de désillusions, notre mariage était loin d’être la vie que j’avais imaginée. Mais c’est un homme bon et simple, son salaire est plutôt précaire du fait de notre jeunesse, néanmoins il a fait de son mieux pour se libérer et m’amener sur cette île, il sait que j’aime la mer. »

     Je repensais à mon désappointement de la veille lorsque je m’étais aperçue que Hikari n’avait pas réalisé son rêve, peut-être que sa destinée était en fait liée à cet homme « bon et simple » qu’était Hiro ? A-t-il pu la rendre heureuse ? Je me mis à rire face à mes divagations romanesques et continuai ma promenade. La prochaine destination étant pour le lendemain.

     C’était donc la dernière photographie. Il ne me restait plus qu’un jour pour retrouver Hikari Yamamoto, le dernier distributeur, le « distributeur n°367 » se trouvait devant la merveilleuse Gare de Tokyo, la photographie était encore récente puisque seule l’année était indiquée : « 2010 ». Je lus le dernier mot de Hikari avant même d’atteindre le lieu : « J’aime m’asseoir dans cette gare, chaque jour après avoir déposé Tsukushi à l’école je m’y rends. Je pourrais y rester des heures, j’aime tellement observer ces gens si divers ! » Je continuai sur une note que je n’avais pas remarquée auparavant :

     « Toi à qui j’ai confié mon cher journal, mes précieux secrets, je ne saurais expliquer pourquoi j’ai voulu partager mes souvenirs avec toi, peut-être est-ce parce que tu semblais aussi effrayée et perdue que moi à ton âge ? A vrai dire je ne sais même pas si tu comprends le japonais, néanmoins j’ai l’intuition que d’une manière ou d’une autre tu déchiffreras ce qui figure dans ce carnet. Si tu y es parvenu, sache que désormais un lien invisible nous unit. Tu me connais à travers mon journal et moi à travers ton parcours qui te mena jusqu’à cette gare (si tu y es parvenue). Il est temps pour toi de continuer ta route c’est pourquoi je te demande de déposer mon journal devant le distributeur figurant sur la photographie. »

     Je fus saisie de stupeur. Ainsi Hikari l’avait laissé délibérément ? Je souris, il fallait bien admettre que c’était loin de m’attrister ou même de me décevoir. Je choisis donc d’attendre Hikari prêt du distributeur. Une heure passa, puis deux et très rapidement je m’endormis, je fus réveillée quatre heures plus tard par un gentil policier qui me tendit une canette de café sur laquelle était collé un post-it où figurait un simple « merci ». Je m’aperçus que le carnet de Hikari n’était plus là. Je souris. Mon aventure japonaise était terminée. 


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  • 3ème prix de la nouvelle Corotzilla 2009 - 2010

    Des gants blancs ?

    Texte d'Elise Dewez, illustration de Clément Dequidt


    Nouvelles



    Bip…

    Je suis maintenant dans la mairie de Tôkyô. Je viens d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, les flèches s’illuminent, il arrive. Les portes s’ouvrent et pendant que mes jambes font lentement leur chemin vers l’énorme boîte de fer, j’entends une personne crier en japonais.

    « N’entrez pas ! Je n’ai pas…» 

    Et les portes se ferment. Le problème ?... C’est que je suis déjà dans l’ascenseur. Je suis seule dans cette espace confiné, ne voyant pas ce que l’employé aux gants blancs a voulu me dire, je prends donc la décision d’oublier l’incident et appuie sur le bouton, destination le 45e étage de l’immeuble.

    L’ascenseur monte, mes yeux fixés sur les chiffres rouges défilant sur l’écran, je compte les secondes nécessaires pour que l’engin atteigne l’étage du dessus, jusqu’à ce que je remarque que les chiffres ne bougent plus du tout. Soudain, je sursaute au son d’un bruit étrange suivi d’une terrifiante secousse.

    C’était quoi ça ? Je suis sensé faire quoi maintenant ? A peine 10 secondes se sont écoulées depuis que ça s’est bloqué et c’est déjà la panique totale…

    Mais oui ! Il y a un bouton pour ce genre de situation ! Mais, ces ascenseurs sont tellement décorés par toutes sortes d’autocollants que je mets un certain temps à le trouver et à appuyer dessus.

    C’était le bon au moins ? Non, parce qu’il ne se passe rien. Peut-être que je parle trop vite ? Le numéro de l’étage s’affiche une fois de plus mais cette fois-ci en bleu. Qu’est-ce que…ce n’était pas rouge avant ? Et là je ressens une sensation bizarre dans le dos. Tout doucement, mon corps tourne sur lui-même voulant comprendre la raison de cet étrange sentiment.

    « Ahhhhhh »

    A ce moment, j’aurais pu croire que tout Tôkyô avait entendu mon cri.

    « Do… Do... Doraemon ?! »

    Vous l’avez compris, devant moi se dresse une sorte de gros chat bleu affichant un large sourire. Moi qui pensais avoir toute ma tête, j’ai dû me tromper quelque part. Le chat s’approche un peu plus de moi.

    « Tu n’étais pas obligé de crier comme ça tu sais ? »

    Un rire nerveux s’échappe de ma bouche.

    « Bien sûr, c’est pas comme s’il y avait un gros chat bleu qui sait parler, coincé avec moi dans un ascenseur. Et puis, tu n’as même pas d’oreilles, comment tu peux m’entendre ?

    -          Ne m’en demande pas autant ! Je ne suis qu’un personnage de manga.

    -          Oui, ça j’avais remarqué…Et puis, Comment es-tu arrivé ici ? 

    -          Le bouton d’urgence… 

    -          Tu veux dire qu’en appuyant sur ce bouton n’importe qui peut apparaître ? 

    -          Tout à fait, d’ailleurs et si on invitait quelques-uns de mes amis ? 

    -          Mais bien sûr! Et si j’allais faire un check up à l’hôpital psychiatrique aussi ?! »

    Doraemon n’a pas l’air de comprendre mon humour...

    J’imagine qu’il vaut mieux appuyer sur ce bouton que de rester là à ne rien faire. Alors, pour la seconde fois, je presse le bouton et les chiffres cette fois-ci deviennent verts.

    « Ah ! C’est Godzilla ! » s’écria Doraemon.

    Quoi ! Godzilla ? C’est une blague ? Mais, qu’est-ce que c’est que cet ascenseur ?!

    Et puis… Godzilla n’est pas sensé être énorme ? Comment il peut être ici ?!

    Je me retourne…Voilà, c’est fini, je suis définitivement folle.

    « Doraemon ! ça faisait longtemps dit donc ! Comment vont les enfants ?

    -          Les enfants ? Pas trop mal, à part Takeshi qui en ce moment, se prend pour un schtroumpf…

    -          Un schtroumpf, tu dis ? T’as essayé la peinture ?

    -          Non ! Nous sommes tous bleus dans la famille et aucun d’entre nous n’a envie de renier ses origines. Je dis ça, mais bon, toi tu es vert, je suis pas sûr que tu puisses comprendre.

    -          Oui, en effet, je ne comprends pas. Tiens, et si on demandait l’avis d’un de nos vieux amis ? 

    -          Bonne idée !»

    Avant même que mes deux nouveaux amis n’aient eu le temps de me le demander, j’appuie pour la troisième fois sur le bouton de tous les mystères.

    Maintenant que je suis tombé au fond du trou, voir apparaître Pikachu après un Godzilla qui semble avoir rétréci au lavage, me fait, je dirais, presque plaisir.

    Les retrouvailles se font entres ces trois … choses. Et aussitôt le débat abandonné auparavant sur le racisme entre personnage de fiction reprend de plus belle, et finit en dispute générale. J’apprends au cours de la querelle que Doraemon a en fait perdu ses oreilles suite à une morsure de Godzilla qui depuis cet accident prend des cours de yoga pour se détendre. Et Pikachu dans tout ça, lui ne fait que répéter « vive les jaunes ! » à tout bout de champ. Le temps passe et je finis par interroger Pikachu.

    « Pourquoi est-ce que vous apparaissez quand j’appuie sur le bouton ?

    -          Tu te rappelles quand tu es monté dans l’ascenseur ?

    -          Oui, très bien, pourquoi ?

    -          Si nous sommes tous coincés ici maintenant c’est juste parce que tu n’as pas attendu la personne qui t’as interpellé.

    -          Quoi ? Mais quel est le rapport ?

    -          C’est simple, ici, les ascenseurs sont très spéciaux, si vous appuyez directement sur le bouton d’appel, celui-ci va automatiquement se bloquer en chemin pour que vous puissiez nous rencontrer. La seule personne pouvant appeler l’élévateur est l’employé aux gants blancs qui reste normalement toute la journée devant la machine. »

    C’était donc ça … Alors, si j’avais attendu quelques secondes de plus, je n’aurais jamais vécu toute cette folle aventure.

    Au final, après une heure passée dans l’ascenseur, je peux enfin voir la vue du 45e étage, merci à Pikachu qui a fait redémarrer le système avec une attaque éclair. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre mon prochain cours de yoga, histoire de demander les dernières nouvelles à Godzilla

     


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