• L'hôtel étrange et sans fin

    L'hôtel étrange et sans fin

     Texte d'Emilie Hermant, illustration de Clément Dequidt

    Nouvelles 

     

     

                 Nous étions tous assis dans le bus, très fatigués. Il s'arrêta devant notre hôtel. Une voix se fit entendre à l'extérieur du bus. Je fus une des dernières à descendre et donc une des dernières à découvrir la personne qui était là pour nous accueillir. Enfin, la personne qui n'en était pas une.

     

     

    • Irasshaimase !

     Ce son sortait de la bouche ... d'une grenouille.  Oui, vous avez bien lu : une grenouille, l'animal sautait sur place en criant. Il donnait l'impression de sourire. Enfin, l'impression bien sûr puisque c'était une grenouille. A ce moment là, je me suis dit que maintenant c'était sûr, j'étais en train de devenir folle, complètement dingue. Je regardai les autres tout autour de moi : leurs visages fatigués et passifs m'indiquèrent que j'étais alors la seule à voir cette étrangeté. Je fis alors une chose jusqu'ici improbable pour nous : j'adressai la parole à une grenouille...

     

    • Konnichiwa !

    Le groupe s'avança vers l'entrée de l'hôtel. Et les grenouilles, désormais nombreuses, s'affairaient et s'aidaient pour apporter nos valises. Je détournai les yeux et suivis mon groupe en secouant la tête.

     

                 Le Hall de l'hôtel était immensément grand. Les plafonds étaient si hauts qu'il fallait presque se décrocher le cou pour les apercevoir !  Alors, oui, je reconnais que nous étions dans un hôtel très luxueux. Mais ici régnait une ambiance spéciale, complètement décalée. J'avais l'impression d'avoir quitté notre planète. Puis l'étrangeté reprit le dessus et je découvris des girafes, beaucoup plus immenses que la normale. Elles s'affairaient toutes derrière la réception. Et puis, là sur la droite, il y avait de nombreux singes. Mais qu'est-ce que c'est que cet hôtel ? Mis à part les touristes que nous avons croisés, il n'y a que des animaux. Et pas les plus basiques ! Tous ces animaux habillés en portier, manager... Nos professeurs nous disent de nous installer tranquillement sur les canapés, les chaises qui venaient d'être replacées par les singes justement. J'avais la tête embrouillée, je ne comprenais plus rien. Je regardais autour de moi, contemplant un vrai zoo. Puis, nos chambres nous furent attribuées, et nous suivîmes un singe qui poussait un chariot de valises.

     

                 Dans l'ascenseur, j'eus une nouvelle surprise : les boutons qui devaient indiquer les étages n'étaient pas là. Ils étaient remplacés par deux flèches : une vers le haut et l'autre vers le bas. Lorsque le singe vit le chiffre trois s'afficher, il appuya sur la touche « open ». Un large hall s'étalait devant nous. Bien sûr des distributeurs attendaient dans un coin. Nous avions juste le temps de découvrir notre chambre, que nous occupions par groupe, et d'y retrouver nos affaires car nous avions rendez-vous dans le hall, pour cause : l’estomac sur les talons...

     

                 Une fois revenus du restaurant, mes amis et moi voulions partir à la découverte de l'hôtel. Nous prîmes donc l'ascenseur et nous appuyâmes sur la flèche vers le haut. Les chiffres se mirent alors à défiler. Et à ne plus s'arrêter. Je regardais mes amis : aucune réaction. Je dis alors :

     

    • C'est  pas un peu bizarre ? Pourquoi il ne s'arrête pas ?
    • Et bien attends deux minutes quand même, on vient de monter !

    D'accord. D'accord alors. Mais il y a vraiment un problème quand même là, ce ne sont plus des chiffres, mais des nombres, de très grands nombres : 270, croyez-vous qu'un hôtel peut avoir jusqu'à 270 étages ? Et même plus ?! Pour arrêter cette machine, j'appuyai sur « open ». Les portes s'ouvrirent sur un long couloir, très large et très haut. Trop haut pour n'être qu'un étage... J'avance un peu, je vois de la lumière un peu dispersée dans le long couloir alors qu'il fait sombre. Au loin, je vois avancer deux hommes en costumes. Je remonte donc dans l'ascenseur. Nous rentrons dans nos chambre, nous étions assez fatigués du voyage, donc cette soirée ne s'éternisa pas.

                  Je fis le bilan dans mon lit. Je suis donc au Japon, dans un hôtel luxueux mais animé par des animaux en tous genres, et surmonté d'innombrables étages ! Et j'ai bien l'impression d'être la seule à remarquer cette bizarrerie. Etrange, vraiment. Je finis par m'endormir.

     

                  Le lendemain matin, le réveil fut quelque peu difficile suite au décalage. Mais une douche à la japonaise me mit en forme tout de suite. Puis nous sortîmes pour aller prendre notre petit déjeuner. Sauf que dans notre long couloir se trouvait un chariot, plein de serviettes de bain, et de produits de nettoyage. Ah, à ce moment nous pensâmes que nous aurions peut-être dû ranger un peu plus nos affaires au lieu de les éparpiller un peu partout dans la chambre. Les femmes de ménage... Dans notre chambre, c'est sûr qu'elles ont eu du travail... Nous avancions pour descendre par l'ascenseur lorsque qu'une « femme de ménage » sortit d'une chambre voisine. Je poussai un cri : non, ce n'était pas une femme, ni un humain d'ailleurs. Un mille-pattes de la taille des coccinelles de Shinjuku se trouvait devant nous. Surprise par mon cri, la bête lâcha ce qu'elle tenait. Elle me fixa de ses grands yeux. Un mille-pattes dans le costume de femme de ménage traditionnel. ET qui parle bien sûr ! Je fus choqué et fermai les yeux. 

                   Je me sentais secoué, dans tous les sens. J'ouvrais les yeux. Mes amis, autour de moi, semblaient inquiets. Je regardai autour de moi. Nous étions tous assis dans le bus, très fatigués... 


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  • Commentaires

    1
    gaelle.m
    Jeudi 6 Mai 2010 à 19:10
    je trouve amusant le fait qu'à chaque fois que ce phénomene se produit il est relié a la fatigue. A la fin de la nouvelle nous sommes donc un peu bloqué entre deux points de vu:soit  tout ceci est réel soit toute cette histoire n'est qu'une hallucinations du a la fatigue et au decalage horaire. En tout cas je l'aie trouvé assez plaisante et l'idée de changer le personnel en animaux étaient intelligentes.Bravo Emilie.
    2
    Caroline.S
    Mardi 11 Mai 2010 à 12:25
    Ahhhhh trooop bien!!!La chute est super!! Je m'attendais à tout sauf  à ça !! bravo :)
    3
    Kahina M
    Jeudi 13 Mai 2010 à 16:02

    Wooouaah trop bien ta nouvelle, ca me rappelle de bon souvenirs...

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    4
    Imane Z
    Jeudi 13 Mai 2010 à 18:07

    Emilie tu compte aller en L? (pitoyable de recruter de cette manière mais on est en manque d'effectif T_T) 
    sérieusement je trouve celle-ci trop marrante XD
    l'histoire de la chambre en désordre sent le vécu...
    le dessin de Clément est vraiment "kawaii" (autant utiliser le peu de japonais que je connais) 

    5
    Amélia.B
    Lundi 26 Juillet 2010 à 01:01

    Ah ! J'adore ! C'est tout à fait toi enfaite ;) J't'imagine bien hurlé comme une tarée pour rien hihi et bonjour l'imagination tu part loin mais j'adore ! 

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