• Leçon des catastrophes

    Ceux qui avaient annoncé les chiffres les plus fantaisistes en sont pour leur frais. Ceux qui avaient jugé les Japonais "imprudents" voire "fous" de vivre dans un pays si risqué peuvent revoir leur géographie !

    Après avoir entendu les pires âneries sur le bilan des victimes du tsunami du 11 mars 2011 ("plusieurs centaines de milliers de victimes"), les autorités japonaises ont ramené le bilan des victimes au chiffre de 18 079 (voir article du journal Libération)

    Si ce chiffre est encore très important, on est très loin des estimations farfelues annoncées à grand renfort d'images spectaculaires dans les jours qui ont suivi la catastrophe. On est très loin aussi des chiffres enregistrés lors de catastrophes équivalentes ailleurs dans le monde. Pour mémoire, le tsunami de décembre 2004 en Indonésie et au Sri Lanka a tué plus de 200 000 personnes pour un séisme d'intensité équivalente à celui de 2011 au Japon.

    Alors qu'est-ce qui explique de telles approximations et une telle différence ?

    Pour les approximations, il faut reconnaître que la plupart des journalistes ignorent tout de la géographie et de la société japonaises et se laissent souvent emporter par leur goût pour le sensationnel (le géographe Philippe Pelletier le dénonçait déjà quelques jours après le désastre).

    Pour la différence entre la catastrophe de 2004 et celle de 2011, on doit dire d'abord qu'on est bien en face d'une manifestation des disparités entre le Nord et le Sud. A la différence de l'Indonésie ou du Sri Lanka, le Japon est un pays riche, un pays qui a les moyens de construire des infrastructures qui protègent un maximum de population et, sauf très localement (centrale de Fukushima), les infrastructures para-sismiques ont tenu le choc et même certaines digues anti-tsunamis (tant décriées) ont permis de limiter la violence de la vague. On pourrait aussi comparer les conséquences du tremblement de terre qui a précédé le tsunami du 11 mars avec le tremblement de terre en Haïti qui a tué plus de 200 000 personnes en janvier 2010 dans un pays parmi les plus pauvres du monde et qui ne possède quasiment aucune construction para-sismiques et où les secours aux personnes ensevelies et blessées ont été totalement insuffisants.

    Bilan revu à la baisseLeçon des catastrophesLeçon des catastrophes

    Panneau d'information d'alerte tsunami et digue pare-vagues, photos prises à Kamakura (voyage scolaire du club-Japon du lycée Corot-Douai), février 2010

    Deuxièmement, la culture du risque est une véritable "religion" au Japon. L'éducation aux mesures de protection et d'évacuation est prise très au sérieux par les Japonais qui participent régulièrement aux exercices et qui, pour bon nombre d'entre-eux, sont membres de la protection civile. Les techniques de prévention sont multiples et très sohistiquées et le principe de précaution est souvent poussé à l'extrême. Le 11 mars 2011, la plupart des populations du littoral ont entendu les sirènes des alertes au tsunami ou ont reçu un message sur leur portable. Ils ont pu alors se réfugier dans les hauteurs. Celles qui ont été emportées par la vague sont des personnes qui n'ont pas pu se déplacer assez vite, souvent des personnes âgées ou des personnes isolées.

    Tout cela n'empêche pas qu'il faut se souvenir des morts des catastrophes de 2011, se souvenir que le bilan est parmi les plus élevés de la période contemporaine et aussi que le risque nucléaire a sans doute été négligé.


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