• Les étiquettes perdent la tête

    Les étiquettes perdent la tête

    Texte d'Amélia Bouchard, illustration de Clément Dequidt


    Nouvelles

     


     Eti et Quette sont deux vieilles étiquettes de mignons petits chatons indiquant aux passagers quelques règles de sécurité à respecter au sein du métro circulant sur la Yamanote Line.

    Ils sont tous deux frère et sœur et ont pour passe-temps de se disputer pour tout et n'importe quoi.

    Aujourd'hui, il est sept heures du matin à la gare de Shinagawa et c'est à ce moment que leur travail commence :

    Tout d'abord, c'est l'arrivée d'une dizaine d'enfants hauts comme trois pommes, et tous munis de casques bleus qui attira l'attention de Quette :

     - « Oh ! Regarde-les ! Qu'est-ce qu'ils sont mignons.

     - Je dirais plutôt qu'ils ont une tête de champignon.

     - Pourquoi dis-tu cela ?

     - Mais enfin, regarde-les ! Ces marmots avec leurs casques bleus, qui d'ailleurs sont affreux.

     - Eti, ils sont obligés de porter ces casques.

     - Peut-être, mais en tout cas ils sont pi-to-ya-bles !

     - Ce ne sont que des enfants qui obéissent à leurs professeurs et portent ce casque pendant les sorties scolaires pour que l'on puisse les repérer plus facilement.

     - Ah ça ! Pour être remarquables, ils le sont.

     - Tu m'exaspères … »

    Il est actuellement douze heures et le métro en direction d'Ikebukuro est plus que plein.

    Quette remarqua un homme affalé près de la porte en train de se servir de quatre appareils différents, c'est alors qu'elle demanda à Eti :

    « - Dis moi Eti, qu'est-ce-que c'est que cette drôle de machine ?

    - Quoi ça ?! Mais c'est la nouvelle console XYZ 3000 qui est sortie il y a trois jours à peine, elle vaut une petite fortune ! Les graphismes sont génialissimes et …

    - Eti ! Eti ! J'ai compris, merci.

    - Qu'est-ce que je ne ferais pas pour m'approprier un tel engin … Encore une nouvelle technologie japonaise qui surpassera une fois de plus la concurrence étrangère !

    - J'ai un frère complètement addict aux jeux vidéos qui me parle sans cesse de cela quand il a le malheur de poser les yeux sur une nouveauté, mais qu'ai-je fait au Bon Dieu ! »

    Il est maintenant quinze heures, et cela fait des heures que le métro circule sur cette même ligne, nous sommes en direction de Shinjuku :

    « - Eh bien dis donc j'ai soudainement une grosse envie de somnoler alors qu'il n'est que quinze heures …

    - Il n'en est pas question ! Tu ne t'endormiras pas sur ton lieu de travail, petit frère.

    - Mais Quette, le fait de voir tous ces gens affalés sur ces banquettes moelleuses du métro ça ne peut que me donner envie de dormir.

    - Je te rappelle que nous avons été embauchés ensemble et donc que nous devons nous serrer les coudes alors ne cherche pas à te défiler !

    - Grande sœur indigne ! Tu n'as donc aucune pitié pour ton mignon petit frère Eti ?!

    - Sûrement pas !

    - J'aurais au moins essayé … »

    Les heures passent à une vitesse fulgurante.

    Les passagers entrent et sortent par dizaines alors qu'il est déjà vingt heures :

    « - Dis Eti, ça te dit un sushi bar ce soir ?

    - Je te demande pardon ? Te rends-tu compte du prix d'un seul sushi actuellement ?!

    - Je me suis permise d'emprunter leur menu, regarde.

    - Mais enfin, que se passe-t-il ? Aurais-tu eu une augmentation ?

    - Choisis ce qui te fait envie.

    - Vraiment ! Ce que tu es gentille. Oh ! Mais c'est du thon rouge ! J'en veux ! Oh ! Je suis si heureux !

    - Tu le seras sûrement moins quand tu te rendras compte que le montant de la note aura été prélevé sur ton médiocre salaire.

    - Tu m'as coupé l'appétit … »

    Il est bientôt vingt-trois heures et pourtant le métro ne se vide pas, nous arrivons bientôt au terminus :

    « - Tu as vu ça, Quette ?

    - Quoi donc ?

    - Ces gens en costume là …

    - Oui et alors ?

    - Ils sont toujours habillés de la même façon peu importe les saisons.

    - Ces gens en costume comme tu dis sont surnommés «  salary men » et «  salary women » ce sont en général des fonctionnaires qui travaillent jusqu'à des heures très tardives. Comme tu peux le constater il est presque vingt-trois heures.

    - En effet, je me demande si ça leur arrive de prendre des vacances à ces gens là ? Ils me donnent l'impression d'être crispés.

    - Je trouve aussi, néanmoins en tant que bon citoyen et bon employé, ils se doivent de se surpasser.

    Ce n'est pas parce que toi, tu ne fais rien de tes journées que les autres en font autant.

    - Quette, je tiens à te faire remarquer que nous exerçons la même activité.

    - Tais-toi ! »

    Et c'est ainsi que cette journée se termina une fois de plus sur une dispute.

     


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  • Commentaires

    1
    Amélia.B
    Lundi 26 Juillet 2010 à 00:48

    Je me laisse un petit commentaire alors qu'il ne devrait en avoir ... Désolé, pour ce " truc ". 

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